mardi 9 avril 2013

Naganahalli, d'un monde a l'autre


D’un monde à l’autre

Après un passage dans la mégalopole de Bangalore et ses 9 millions d’habitants, nous rejoignons Naganahalli et ses 2500 habitants…un grain de poussière pour l’Inde !

Dans ce paisible village, nous nous joignons à Uncle Yves, un joyeux luron breton  membre fondateur de l’association Sanga qui agit dans le village depuis une quinzaine d’années. Avec lui, nous allons à la rencontre des habitants et surtout habitantes ; de part ses activités l’association est surtout en lien avec des femmes.
L’association aide au financement de travaux (constructions de toilettes et rénovations des maisons individuels) et à la scolarisation des enfants. L’une des conditions à remplir pour bénéficier de cette aide est que la femme de la famille participe à une Sanga. Les Sangas étant des groupes de femmes  qui s’organisent pour permettre aux familles d’effectuer des microcrédits. Ceux-ci sont en général utilisés pour l’achat de fournitures agricoles, des rénovations ou le financement des études des enfants.

          Dans le village, notre quotidien est fait d’invitations aux repas, d’aides aux locaux et surtout, du suivie des activités et projets de l’association. Et que d’activités ! Ca bouillonne, que dis-je ? Ça déborde ! En voici une sélection…
Pour vous remettre dans le contexte, l’association travail depuis ses débuts avec une famille « relais » du village. C’est aujourd’hui le fils de cette même famille, entrepreneur en bâtiments et membre actif d’un parti politique, qui est le lien et coordinateur local de l’association.

Notre première visite est celle d’un village voisin pour l’organisation du chantier estival. Le village de Naganahalli ayant déjà bénéficié de beaucoup d’aide, les chantiers de construction de toilettes sont amenés à se déplacer dans un village voisin, plus pauvre encore. Cela, pour le plaisir des un et le désarroi des autres… Jusque la, tout va à peu près bien.

Notre seconde visite nous emmène chez le curé de la paroisse. Ce même curé qui cultive du tabac, source de revenus, pour répondre aux demandes de ses paroissiens… Nous y reviendrons un peu plus loin. Le curé donc, un bel homme, fin et très cultivé, nous reçois le plus gentiment du monde, mettant de coté son emploi du temps chargé d’homme affaire. Notre visite aujourd’hui n’est pas anodine, mais au contraire de la plus haute importance ! La paroisse est en effet propriétaire du collège du village, depuis déjà trop longtemps en construction. L’association doit participer au financement des travaux. Problème, Mr le curé est outré de la conduite des travaux dirigée par…je vous le donne en mille : le fils de la famille « relais », conducteur de travaux !
Un rapide tour du chantier nous confirme que les travaux manquent de sérieux : rambarde de sécurité à hauteur de genoux, dalle de ciment qui craque, fenêtres remplacées par des briques, etc. Ironie du sort ou intérêts personnels, les travaux d’agrandissement de la maison du jeune entrepreneur ont eux, plutôt l’air de bien se passer !

Bientôt nous faisons la connaissance d’un jeune homme qui fut également coordinateur pour l’association lors de chantiers dans le village. Malheureusement les relations ont l’aire un peu tendues entre les deux prétendants à la coordination !
Ironie du sort une fois de plus, nous apprenons le lendemain que ce jeune homme, que nous devions retrouver au petit matin, est à l’hôpital après s’être fait lyncher par trois hommes dans la soirée ! Loin de nos supputations de bagarre de pouvoir, l’altercation est en fait due à la protection d’une jeune fille, apparemment non souhaité par la famille de la dite demoiselle…



Loin de dramatiser ces histoires du quotidien, chaque jour à Naganahalli peut devenir une pièce de théâtre. Pièce aux acteurs et aux facettes multiples. Pièce dans laquelle on se passerait volontiers des entractes pour se délecter du jeu de la vie !



 
Ah oui... Nous avons également eu le plaisir et l'honneur d'être présent à la première messe d'un prêtre natif du village! Cette ordination fût un fort et long moment de découverte! 




lundi 8 avril 2013

Salon international 2012 de la bio à Bangalore


BioFach India 2012

 

 Forum international autour de l'agriculture biologique
« Together with India Organic, The market place for organic people. »
Du 29/11/12 au 01/12/12
Au Palace Grounds à Bangalore.
Organisateur : Nürnberg messe.
Parrain: IFOAM (International Federation of Organic Agriculture Movements)
Coorganisateur : ICCOA (International Competence Centre for Organic Agriculture)


            Trois jours durant lesquels de nombreux acteurs du biologique sont réunis pour présenter de nouvelles initiatives, s'ouvrir a de nouveaux marchés (éventuellement internationaux), partager les perspectives politiques, informer le public sur la certification, animer des ateliers pédagogiques et promouvoir le coton non OGM !!
            



 Voici un vaste programme où chacun peut sans nul doute trouver son bonheur !


Les businessmen du Bio :

 Leur challenge :
 exporter leurs produits vers l'Europe, l'Amérique...
            Ils sont bel et bien présents sur ce forum, c'est même eux que nous avons la chance de rencontrer en premier. Notre fasciés occidental est bien vite repéré et nous nous voyons rapidement interpelle pour savoir quels produits nous intéressent ! Mais malheureusement pour eux nous ne cherchons pas à faire du commerce international ! Nous en profitons pour creuser un peu le sujet du bio et de l'export, et taquiner au passage certains de ces agro-businessmen... « Pourquoi produire du biologique en Inde si celui-ci ne peut même pas bénéficier aux Indiens et qu'il est de plus destiné a l'alimentation animale ? » Beaucoup nous répondent qu'il est difficile d'écouler leurs productions en Inde car ils ne trouvent pas de consommateurs prêts à payer plus cher pour des produits biologiques. Ces commerciaux, se présentant pour certain sous la double étiquette d'agriculteur, gèrent parfois la commercialisation de plusieurs centaine d’hectares de culture !!! On est loin des 2 à 5 acres des paysans dit « petits et marginaux » !
Les consommateurs que nous rencontrons affirment que les produits biologiques sont souvent deux fois plus chers que les produits conventionnels. Peut-on déjà parler en Inde de la naissance d'une classe « BoBo » ?
Les agriculteurs rencontrés auparavant ne nous ont jamais fait part de difficultés à écouler leurs stocks. La plupart ont optés pour les filières courtes. Ils vendent parfois a la ferme ou par le biais de réseaux qu'ils ont construits (AMAP, réseau social).

Avant d'être d'un réel intérêt pour la population, l'agriculture biologique semble avant tout être une manne économique pour ce pays au PIB  à forte croissance.

Les coopératives d’agriculteurs :

Ces agriculteurs, producteurs sont venus pour présenter leur projet, présenter des produits que l'on ne trouve pas partout en Inde (ex : la noisette) et à l'occasion, vendre quelques uns de leurs produits.
Ceux-ci ont d'avantage un aspect social a leur projet, qui vise à créer de l'emploi pour les hommes et les femmes, mettre en place des formations dans le domaine agricole, développer les circuits courts. Ils veulent démocratiser le biologique pour le rendre accessible à tous, même aux consommateurs !

Les trucs et astuces du consommateur :

Une ingénieure de Delhi a souhaitée créer un réseau internet de consommateurs souhaitant s'approvisionner en Bio. C'est le seul en Inde. Cette femme s'est rendue compte a quel point il était difficile de trouver de réels produits bio, qui plus est a prix raisonnables ! C'est pourquoi, il y a environ trois ans, elle a créé le site « ESVASA » (http://www.esvasa.com/). Par le biais de celui-ci, les consommateurs s'échangent de bonnes adresses, organisent des achats groupés et d'autres idées fleuriront par la suite.

Les agriculteurs Indiens, même dans les campagnes les plus profondes, comprennent qu'il y a un marché intéressant autour du biologique. Ils observent l'attrait que les classes moyennes et élevées ont pour ce mode de consommation. Certains agriculteurs nous disent qu'ils souhaitent se convertir, mais nous comprenons très vite que c'est pour recevoir des subventions. Quelle sera la qualité de leurs productions futures ? Sera t'elle réellement biologique ?  Difficile d'y croire lorsque l'attrait financier est bien plus fort que la prise de conscience. Il semble que la préoccupation à cette heure, est encore de nourrir sa famille...

La cosmétique et le biologique :

Un argument de vente utilisé par le tiers des représentants businessman présent à ce forum. Le biologique est un remède universel: bien être et beauté, il ne manque plus que la gloire mais à priori les consommateurs concernés par le biologique ne sont pas à plaindre !

Green fondation (http://www.greenconserve.com/):
           
         Dans la même trame que Navdanya, mais a l’échelle de l’état du Karnataka, cette association lutte pour la préservation de la biodiversité via la création de banque de semences et de groupements agricoles féminins.

La pédagogie du biologique :

Nous avons été agréablement surpris de voir qu'un espace était dédié à la famille géré par l’association « Nature on my plate ». Ici on raconte des histoires au sujet des « gastronautes » et on fait des jeux à partir des légumes et fruits. C'est également un lieu d'échange pour ceux qui consomme bio et ceux qui le souhaiteraient mais qui se demande comment faire lorsque leurs enfants sont à l'école...

            A Biofach se côtoient les fervent du bio de la première heure et les opportunistes qui n'y voient qu'un moyen de s'enrichir. Nous ressortirons finalement heureux de ce forum, voyant tous ces projets émerger, mais un peu  déçu, il est vrai, de voir le cycle capitaliste se renouveler, avec tous ces profiteurs qui s'en sortiront peut être mieux que les autres !!